La grossesse est longtemps restée un mystère aux yeux des immunologistes : comment concilier le fait qu’une mère soit capable de tolérer son fœtus, par définition incompatible sur le plan immunologique, alors qu’elle rejette une greffe allogénique ? Les études récentes sur l’immunologie de la grossesse ont permis de lever au moins partiellement le voile sur les nombreux mécanismes mis en place en contexte gestationnel pour permettre cette tolérance sélective et temporaire. Toutes les étapes de l’alloreconnaissance T font ainsi l’objet d’une régulation, protégeant le fœtus d’une réaction délétère. Certains acteurs impliqués sont doués de mémoire, ce qui faciliterait le déroulement de grossesses ultérieures issues d’un même père. À noter que le défaut de ces phénomènes actifs peut conduire à des pathologies obstétricales telles que la prééclampsie ou les fausses couches.

Pregnancy has long remained a mystery in the eyes of immunologists: how to reconcile the fact that a mother is able to tolerate her fetus, by definition immunologically incompatible, while rejecting an allogeneic transplant? Recent studies on the immunology of pregnancy have at least partially lifted the veil on the numerous mechanisms set up in the gestational context to allow this selective and temporary tolerance. All stages of T-cell allorecognition are thus regulated, protecting the fetus from a deleterious reaction. Some of the involved actors display memory, which would facilitate the course of subsequent pregnancies from the same father. Note that the lack of these active phenomena can lead to obstetrical disorders such as pre-eclampsia or miscarriages.